Trente ans de cavale by Gilles Bertin

Trente ans de cavale by Gilles Bertin

Auteur:Gilles Bertin [Bertin, Gilles]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 978-2221203590
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2019-02-06T23:00:00+00:00


Le spectacle de 11 751 316 francs en petites coupures rangées en huit colonnes possède les mêmes vertus euphorisantes que la meilleure des herbes jamaïcaines. Avachis sur le canapé et les fauteuils du salon, les traits tirés par une nuit de veille, nous ne pouvons nous lasser d’admirer le tableau avec le sourire imbécile caractéristique d’un fumeur de ganja écoutant le bon vieux « The Harder They Come » de Jimmy Cliff. J’attends le moment où l’un d’entre nous prendra la parole pour s’extasier : « Yeah, brother… trop cool, really good stuff, man… Rastafari et tralala… » Notre Donald Duck préféré interrompt la douce torpeur dans laquelle nous divaguons :

— Oh, enculé ! Mais qu’est-ce que t’as foutu, le punk, au moment de partir, tu tapais le carton avec les gonzes dans le vestiaire ou quoi ?

— Ma parole, ta mère t’a nourri au biberon d’hélium, répond Rosco, les yeux cernés et en train de s’endormir. J’ai pas entendu le putain de coup de sifflet, voilà ce qui s’est passé.

— On a failli partir sans toi, enculé. C’est Gilles qui nous dit : « Putain ! On oublie Rosco ! »

— Attendez, vous savez pas tout, reprend Philippe, il y a le chargeur de ma Sten qui se casse la gueule par terre juste au moment où un type en uniforme et enfouraillé se pointe à la porte du vestiaire.

— Putain ! Et qu’est-ce que t’as fait ? demande Bob.

— Le mec est resté tétanisé, puis le Grand est arrivé, lui a mis la main sur le 38 et l’a désarmé.

— Véridique, je dis. Je devais être en train de faire autre chose, j’ai pas vu le mec entrer, il a dû passer par une autre porte.

— Et après ?

— Ben, j’ai essayé de refoutre le chargeur à sa place, mais il tenait pas, alors…

— T’as tenu les gonzes en respect avec un bout de ferraille rouillée ?

— Euh, ouais.

— ¡ Madre mia !

— Remarque, valait mieux ça que de tirer partout, lance Didier. C’est une vraie saloperie de la Seconde Guerre mondiale, elle aurait pu partir toute seule. Faudra penser à la foutre au rencard.

— Ouais, mais quand tu penses qu’elle a pu tuer des nazis, ça fait de la peine de la jeter, j’ajoute.

— Au fait, intervient Iñaki, faudra m’expliquer pourquoi tout le monde s’est précipité dans le fourgon en partant.

— C’est le pognon qui agit comme un aimant, répond Boule en rigolant.

— J’ai pas pu m’en empêcher, ajoute Bob.

— Idem, fait Dan.

— Ça fait désordre, joder. On aurait dit des mouches à merde sur un tas de viande.

— En parlant de pognon, s’inquiète Bob, combien on touche ? Je vois trois colonnes plus grandes que les autres.

— On en a déjà parlé, répondit Iñaki. Si ça t’ennuie pas – le ton de sa voix signifiait « si ça t’ennuie, c’est pareil » – le Grand, Didier et moi, on va prendre deux millions et vous autres un million. La différence pour les frais. On a fait tout le boulot, je pense que c’est équitable.



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